Développement personnel … ou pas !

Développement personnel … ou pas !

« Changez de vie en 7 jours ». « Comment attirer l’abondance et la richesse dans sa vie ». « Développez votre pouvoir illimité ». Les stages de développement personnel ont le vent en poupe dans les entreprises comme pour les particuliers. Au sein de ce vaste mouvement cohabitent le meilleur et les fausses promesses de miracle.

Un raz-de-marée

Au début des années 2000, la vague du développement personnel déferle sur la France. S’appuyant sur des concepts issus de thérapies américaines, comme l’analyse transactionnelle, la gestalt thérapie, l’hypnose et la PNL (programmation neuro-linguistique), le développement personnel est devenu une sorte de mille-feuilles aussi roboratif qu’écœurant, auquel on rajoute des couches à mesure de la popularité d’une technique ou d’un auteur. Pas loin d’être considéré comme une nouvelle religion tant ses adeptes adhèrent à l’idée « qu’il suffit d’y croire pour que ça marche » et tant ils sont nombreux – plus de 43000 références pour la recherche « livre de développement personnel » chez Amazon- le DP affiche une santé insolente avec un chiffre d’affaire de 2 milliards d’€ en France en 2009*.

Le phantasme de toute puissance

Si les conseils prodigués sont souvent pertinents et emprunts de bon sens, comme l’invitation à prendre soin de soi, il y a dérapage quand le DP fait miroiter succès, bonheur et zenitude durables, des objectifs irréalistes risquant de nous faire basculer vers la culpabilité si nous ne parvenons pas à nous élever de notre pauvre condition humaine. N’est pas Lao Tseu qui veut ! surtout en quelques jours de stage. Le phantasme de toute puissance qui devient réalisable par le DP repose sur une pensée magique, une croyance infantile que nous avons le pouvoir d’empêcher ou de faire advenir certains événements de notre vie. Si bien-sûr rester positif participe à l’optimisme, qui lui-même aurait un effet sur notre santé et notre longévité, le fait de vouloir vivre ceci et surtout pas cela devient une quête sociétale obsessionnelle. Nous voulons être heureux à tout prix, et pour cela nous devons être performants dans l’art du bonheur. Depuis les Trente Glorieuses, nous investissons dans une société ultra-consumériste, en vénérant de nouvelles divinités issues des stades, de la scène, ou de l’économie sensées nous montrer le chemin de la réussite. Et pour ceux qui ne le suivront pas, parce qu’ils ne le pourront simplement pas, c’est la fausse aux lions, réservée à « la basse humanité ».

Le droit à souffrir

Etre heureux à tout prix, mais surtout ne pas souffrir. Tel est le diktat souvent implicite du DP. Les propositions foisonnent dans l’art d’avoir de bonnes relations interpersonnelles, de s’ouvrir à sa créativité insoupçonnée, de stimuler son yang et son yin pour un équilibre optimal, de s’affirmer et être à la pointe dans la prise de parole. Avoir une confiance en soi infaillible, telle est la profession de foi. Nous cherchons ainsi désespérément l’accomplissement complet de soi, à être les plus parfaits, les plus performants possibles. Et nous croyons dur comme fer que la perfection fera cesser la souffrance. Hélas … . Nous avons le droit de revendiquer que nous souffrons, que la vie est dure, sans pour autant se prélasser dans la plainte. Ne pas vouloir accueillir ses émotions et sa souffrance revient à se fermer la porte au nez et à se quitter.

Le développement personnel sérieux

Les techniques du DP se doivent d’être des pratiques d’examen de conscience de soi, qui portent sur le sens de la vie, et pas seulement un catalogue d’instructions à suivre à la lettre pour aller mieux.  Le développement personnel sérieux propose, sans promettre ni imposer. A chacun d’expérimenter et d’user de son sens critique pour évaluer la pertinence de la proposition. Il n’y a pas de recette universelle. Quand on a décidé de s’inscrire à un stage, il est recommandé de se renseigner sur la formation de l’animateur et de faire marcher le bouche-à-oreille. Ce qui prévaudra aussi c’est de se sentir à l’aise et à sa place dans le groupe que l’on rejoindra. L’empathie, la solidarité, l’écoute, le partage sont souvent de mise et nombre de participants disent avoir été portés par l’énergie collective. Un bon moyen de se relier ainsi à son humanité profonde.
* Source INSEE

Nolwenn Huyart pour ActivMag-janvier 17

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